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FABRICE ROUSSELOT / Photos Marc Chaumeil

lun. 2 nov. 2009

Incohérence

Éditorial

Depuis des semaines, on sait que l’enquête sur Tarnac patine. A ce jour, la justice n’a pu produire aucune preuve matérielle liant les neuf jeunes mis en examen aux sabotages des voies TGV intervenus dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008. Les éléments que nous apportons aujourd’hui en exclusivité sont encore plus accablants. Un an après les faits, la contre-enquête minutieuse de la défense que nous publions malmène la version policière et remet en cause les fondements même du travail effectué par le juge antiterroriste Thierry Fragnoli. En se concentrant sur les faits et gestes de Julien Coupat et de sa compagne lors de cette fameuse nuit, les avocats soulignent d’incroyables incohérences. Pourquoi les traces de pas et de pneus relevées par la police ne correspondent-elles pas à celles du couple et de leur voiture ? Comment imaginer que pour faire le trajet qui leur est imputé, les deux jeunes gens aient été obligés de foncer à une moyenne de près de 160 km/h pendant près de 30 kilomètres dans leur vieille Mercedes ? Que dire aussi de ces procès-verbaux radicalement divergents et qui se contredisent sur la présence ou non d’un individu près des voies ? Encore une fois, il convient là de s’interroger sur la manière dont a été menée cette affaire. Sur l’obsession politique de Michèle Alliot-Marie quant à l’existence d’une menace terroriste d’ultra-gauche et sur la propension de l’ex-ministre de l’Intérieur à désigner un peu trop rapidement des coupables «quasi-parfaits». La longue détention de tous les protagonistes avait déjà donné lieu à nombre de protestations, certains réclamant la requalification des accusations et l’abandon de la notion «d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste». Au vu de l’état de l’enquête, on se demande désormais quelles peuvent être les bases d’un futur procès.

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